Le cas « Pépita » divise. Présentée comme une victime de racisme, elle se défend d’avoir souffert et en veut terriblement à ceux qui utilisent son image pour parler de racisme. L’extrême droite y voit une occasion de décrédibiliser les luttes anti-racistes Rokhaya Diallo et les universalistes proches de LREM y voient une critique du terme « racisé« de Rokhaya Diallo.
Le terme « racisé »
Comme l’a défini avec brio Rokhaya Diallo sur le plateau de Pujadas, le terme « racisé » correspond à un processus lié à l’expérience sociale. « On ne choisit pas, on n’a pas le luxe d’échapper aux discriminations qui sont liées à notre condition ».
Pépita, contrairement à ce que prétendent certains, correspond parfaitement au terme « racisé ». Elle n’a pas pu échapper au racisme et à la misogynie malgré son acceptation des blagues racistes et misogynes, malgré sa bonne humeur.
Elle a beau sourire, on la compare à un singe. Elle a beau avoir de la personnalité, elle n’a pas pu échapper aux propos misogynes. Elle est « racisée » qu’elle le veuille ou non.
Vous en doutez?
Combien de « potiches » Blanches ( pour reprendre les mots de Patrice Laffont) ont été comparées à des singes? C’est parce qu’elle est Noire qu’on la compare à un singe. Pépita a été racisée malgré elle. Racisée est une identité subie.

Mais alors quid de la parole des victimes?
Pépita ne se sent pas victime de racisme. Elle en a le droit. Nul ne peut savoir mieux qu’elle ce qu’elle ressent. On ne peut pas invalidé les propos de la personne concernée. Pepita a raison. On peut penser qu’elle manque d’estime de soi mais elle n’est ni bounty, ni n*gresse de maison. Elle n’a trahi personne si ce n’est elle-même. Elle ne s’est jamais considérée comme une représentante des Noirs. Et surtout avant cet événement, elle n’a jamais mis à mal la communauté Noire. Elle était plutôt discrète.
Seulement quand on compare PUBLIQUEMENT Pépita à un singe, Pépita est-elle la seule victime? Il s’agit de propos publiques visibles de tous. Il ne s’agit pas de Pépita et de sa « famille » ( mot avec lequel elle décrit Patrice Laffont et le reste de son équipe) dans leur salon, en privé. À partir du moment où ces actes sont rendus publiques, cela concerne tous ceux qui ont vu ( ou été forcés de voir ).
~ Aimé Césaire
Dans l’histoire, les Africains Noirs ont été comparés à des singes. Les Noirs ont été exposés dans des zoos humains tels des animaux. Il est normal que le mot singe associé à une femme Noire trouve un écho négatif dans le coeur de beaucoup d’Afrodescendants.

Quand Christiane Taubira a été insultée de singe par une élue du Rassemblement National, l’indignation a pris une tournure Nationale car les propos ont été entendus de tous et les images vues de tous. Lorsque l’on est témoin de racisme on ne peut tout simplement pas tourné la tête et dire cela ne me concerne pas. Comme dirait Aimé Césaire : gardez-vous de vous croiser les bras en l’attitude stérile du spectateur, car la vie n’est pas un spectacle, car une mer de douleurs n’est pas un proscenium, car un homme qui crie n’est pas un ours qui danse

Est-ce que l’on doit laisser une femme se faire traiter de singe car cette femme n’est pas « nous »? Est-ce que l’on doit fermer les yeux quand une femme se fait embrasser de force sur un plateau télé parce que ce n’est pas « nous »? Est-ce que l’on peut laisser une femme se faire traiter de potiche parce que ce n’est pas « nous »? Non, car une femme agressée n’est pas un spectacle, un proscenium ou un ours qui danse…