Nadjélika, une militante anti-raciste connue pour son franc-parler, doit faire face à la justice pour avoir prononcé le mot « vendu » en direction d’un policier Noir en mars 2020 lors d’une manifestation pour George Floyd. Une partie de l’opinion publique s’en était offusquée et le policier avait porté plainte. Aujourd’hui, Aurélie Laroussie a écrit sur twitter un terme équivalent sans que cela n’émeuve personne et surtout pas le policier Noir qui a reçu ce terme.

Qu’est-ce qui justifie un tel 2 poids, 2 mesures de la part de l’opinion publique?
« Nègre de maison », « vendu » sont des expressions communément employées pour désigner des individus aux ordres du pouvoir. Contrairement à ce que beaucoup pensent, ce terme ne fait pas référence aux esclaves Noirs qui travaillaient à l’intérieur de la maison du maître mais elle désigne ceux qui souhaitaient rester dans une condition d’exploitation. Il ne s’agit donc pas d’une opposition entre esclave des champs et esclave de maison. Cette expression fait référence à un état d’esprit. Il y a ceux qui veulent se rebeller contre un état de fait et ceux qui s’y accomodent.
Banaliser dans le langage courant, c’est pourtant pour cette expression que la militante Nadjélika se retrouve à devoir rendre compte devant la justice. Justice devant laquelle ne passera pas Aurélie Laroussie car dans son cas manifestement, le terme devient un doux et innocent jeu de langage.
De même qu’il serait inconcevable de mettre devant la justice une personne qui en qualifierait une autre de « Tartuffe », il est difficilement compréhensible que Nadjélika se retrouve en procès pour un terme dont tout le monde comprend le sens quand il est prononcé par Aurélie Laroussie.