Dans une tribune dans le journal Le Monde, Annie Sugier s’en prend à Assa Traore lui reprochant de faire passer la lutte contre le racisme avant celle contre la misogynie.
Dans cette tribune de la honte, Annie Sugier reproche tout ( et n’importe quoi) à la militante anti-raciste : polygamie, défense des auteurs de violence patriarcale…

La tribune de la honte
Cette tribune est le symptôme d’une maladie appelée le féminisme universaliste et nationaliste. Un féminisme dans lequel toutes les femmes doivent être identiques c’est-à-dire Blanches ( avec des préoccupations de femmes Blanches et CSP+) et où seules les façons de penser issues de l’Occident sont acceptées. Tout combat qui remet en cause l’hégémonie Blanche est déclaré anathème.
Polygamie. Mais dans cette tribune, on franchit un cap inacceptable en allant même jusqu’à « demander » de manière tacite à ce que Assa Traoré ne puisse pas dire du bien de son propre père. Dès les premières lignes, la présidente de la ligue du droit internationale des femmes reproche à Assa Traore de parler de son père en des termes élogieux ( dans l’ouvrage « lettre à Adama ») alors que ce dernier est polygame. En quoi l’amour d’une fille pour son père devient-il un éloge de la polygamie? En quoi Assa Traore a-t-elle représentée une entrave au combat contre la polygamie? Devait-elle insulter son père alors que les femmes qui ont partagé la vie de cet homme ne le font pas ? Le combat d’Assa Traore c’est de faire justice pour son frère et plus largement de dénoncer les violences policières. Elle mène ses combats et elle n’a jamais empêché quiconque de mener les siens.

« Lutter contre le racisme ou lutter contre les violences faites aux femmes ». Il est commun pour certaines personnes qui ne subissent pas le racisme de vouloir faire passer la lutte anti-raciste pour un combat d’arrière-garde. Ces personnes ne subissant pas le racisme ont le privilège de pouvoir mettre de côté la lutte anti-raciste et de choisir de ne lutter que contre la misogynie. Pour ces personnes, c’est soit on lutte pour l’un, soit on lutte pour l’autre mais jamais les 2 en même temps. Elles ignorent qu’en tant que femmes ET Noires, nous devons lutter contre l’un ET l’autre de manière simultanée et indissociable car lorsque l’on est FEMME ET NOIRE, on l’est de manière simultanée et indissociable.
Violences policières. Selon Annie Sugier, les hommes des quartiers seraient responsables des violences policières qu’ils subissent. Autrement dit, ils ne seraient pas réellement victimes. «Ne pensez-vous pas que si les garçons sont plus souvent confrontés à l’échec scolaire et à la suspicion des autorités, c’est parce qu’on développe en eux un mélange détonnant de virilité et de susceptibilité à fleur de peau. » Suivant la logique de la journaliste de Riposte Laïque, le combat contre les violences policières serait donc un moyen de s’attendrir sur des hommes « qui ont en eux un mélange détonnant de virilité »….
Ce raisonnement est discriminant et faux. Premièrement, Annie Surgier essentialise tous les hommes de banlieue. Deuxièmement, elle oublie que lutter contre les violences policières, les injustices ce n’est pas défendre ou s’attendrir sur un homme. Lutter contre les violences policières c’est dénoncer les dérives policières. Dérives policières qui touchent les hommes mais aussi les femmes notamment les femmes Noires (voir ici).
En quoi dénoncer des violences policières iraient à l’encontre de la lutte pour les droits des femmes? En quoi dénoncer des injustices d’État signifierait « occulter la misogynie »?
Les raisons réelles de cette attaque
Assa Traoré est une femme Noire et musulmane qui a une aura internationale qui la propulse au devant de la scène. Son combat contre les violences policières est largement médiatisé de quoi attiser des vélléités chez ceux qui mènent un combat inaudible auprès de la jeunesse militante.

Assa Traoré dérange car elle remet en question le féminisme qui nie les oppressions des femmes non Blanches. Et surtout, en mettant en avant la question du racisme, certaines femmes Blanches ne peuvent plus se penser uniquement que comme victimes de patriarcat, elles doivent aussi se penser comme individu oppresseur/dominant. Pas facile de se penser comme victime et oppresseur. Pourtant la cinglante réalité est là. Et c’est bien ce statut d’oppresseur qui dérange les fémonationalistes qui ne cessent de demander aux autres de se remettre en question mais qui refusent, elles, de questionner leurs privilèges.