Depuis les travaux de Cheikh Anta Diop, nombreux sont les Noirs qui s’intéressent à l’histoire de l’Égypte antique, Khemet.
Origine kamite de la pratique du rajout
Les Égyptiens de l’Égypte Antique avaient une pratique capillaire qui consistait à rajouter des cheveux sur leur tête souvent rasée. En effet, pour des raisons religieuses et des raison d’hygiène ( éviter les parasites et les poux) , hommes comme femmes se rasaient les cheveux.
Le crâne rasé était choyé et il devait briller. Il était hors de question que la transpiration macère sous la perruque. C’est pourquoi un grillage était fabriqué entre la perruque et le crâne pour laisser passer l’air.
C’est pour faire face à l’intensité du soleil qu’ils décident de se couvrir le crâne d’une parure de tête qu’on appelle vulgairement perruque bien que le mot perruque n’existe pas en tant que tel chez les Égyptiens comme le rappelle la sociologue et chercheure, Juliette Sméralda, dans ses conférences basées sur son livre « cheveux d’appoint ».

Les cheveux d’appoint ou parure de tête permettaient aussi de reconnaître le rang social de la personne qui les portent. En effet, puisque de nombreuses personnes avaient le crâne rasé, il fallait se distinguer. Ainsi, si les rois et les reines utilisaient des matériaux nobles, le peuple avait des coiffures d’appoint faites de laine.
Voici quelques exemples de ces parures de tête :


Les Égyptiens qui ne se rasaient pas coiffaient leurs cheveux en petites nattes ou étoffaient leur coiffure naturelle avec des postiches.
Main-mise occidentale sur la pratique
Les femmes africaines ont toujours mis des rajouts s’inscrivant ainsi dans la tradition kamite.




Malheureusement, comme toute chose, la pratique a été dévoyée. Ce qui reflétait la diversité capillaire, l’hygiène, les divinités égyptiennes et l’amour de soi s’est mué en poursuite absolue du cheveu lisse et en recherche à tout prix de la soumission aux critères de beauté caucasiens ( d’ailleurs cela s’étend au-delà du seul cheveu).
En effet, en Occident va naître cette culture d’érotisation de cheveu long et lisse ( et blond). Cette magnification du cheveu long et lisse gagnera l’Afrique et deviendra le symbole de beauté et de séduction absolu.
Dans la littérature, le cheveu long, lisse et blond est magnifié. Et aujourd’hui aussi, le même processus continue.


Pendant ce temps, le cheveu crépu, lui, sera de plus en plus dénigré. Dans son ouvrage, « peau noire, cheveu crépu », Juliette Sméralda fait un triste constat de la place du cheveu crépu dans la société actuelle. Beaucoup rejettent leur cheveu jugé moche ou inadéquat contrairement au cheveu lisse et long qui jouit toujours d’une belle réputation.

Les « perruques » égyptiennes n’avaient ni pour but de cacher une chevelure, ni de se soumettre à des critères de beauté pour être mieux accepté. Les Égyptiens s’aimaient et s’acceptaient comme le dit la sociologue.
De nos jours, la grande majorité des perruques sont longues et lisses s’inscrivant dans la culture d’érotisation à l’occidental et non dans l’héritage kamite qui n’a jamais fait du cheveu lisse et long la quintessence de la beauté.
Pour inscrire sa pratique du rajout dans un héritage kamite, il est nécessaire de connaître son histoire.