
Dans une société française dans laquelle les Noirs sont visiblement absents, devons-nous accepter d’être représenté à tout prix?
La demande de représentation
Ça fait déjà plusieurs années qu’en France, les Noirs demandent plus de visibilité.
Nous sommes absents des médias, des sphères de pouvoir, du milieu du spectacle, des postes élevés aux tribunaux… Alors on a crié au manque de représentation. « On veut être représenté! »
On a crié tellement fort que nos rêves ont été exaucés…
De plus en plus de Noirs sont sur le petit et le grand écran. Certains atteignent même les sphères du pouvoir. On a gagné?
Au début, ces Noirs ont été reçus avec de grands cris de joie. Qui ne se souvient pas de ce sentiment immense de joie que l’on a ressenti en voyant Harry Roselmack au 20 heures? (Il n’y est plus…) Enfin, on est représenté. Enfin, on se voit à la télé.
Mais la joie a été de courte durée…
La mauvaise représentation ?
Ces personnes Noires ont fait des choix qui nous ont questionné, interloqués, déçus.
Njijol est un homme Noir humoriste qui s’est fait connaître sur Canal +. En 2011 , avec son compère Fabrice Eboue, ils décident de faire un film sur l’esclavage. Un film… humoristique. Oui… humoristique. Avec des blagues parlant de RTT. Les esclaves n’ont pas de RTT… mort de rire… ou pire une scène de viol humoristique…
Ramayade s’est fait connaître grâce à Sarkozy, homme de droite, très à droite. Ce même Sarkozy qui déclara : »L’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire »…
Même si elle a fini par prendre ses distances, elle l’a néanmoins longtemps soutenu.

Harry Roselmack est le premier présentateur Noir du J.T de TF1. Il a tout de suite conquis le public.
Récemment, l’attitude de TF1 a été dénoncée par plusieurs téléspectateurs. La première histoire est une histoire de black face. Dans l’émission 7 à 8 de Harry Roselmack, une des invités Blanche est grimée en Noire (perruque bouclée, teint foncé) pour que personne ne puisse la reconnaître.
Plus tard, pour illustrer une école aux Antilles, TF1 prend une photo de l’UNICEF en Afrique…
Dans les 2 cas, Harry Roselmack a défendu la chaîne en disant même que les Noirs se victimisaient…

Sibeth Ndiaye a fait sensation en rejoignant le parti LREM de Emmanuel Macron. Avec sa coiffure afro, elle a été applaudie par de nombreuses femmes Noires. Au début…. Aujourd’hui, elle enchaîne les plateaux télé pour dire qu’il n’y a pas de racisme systémique et se réjouit d’être la caution noire de son parti. Pour elle, LREM ne peut-être raciste car elle est Noire et fait parti du gouvernement…

Abdoulaye Kanté est un policier Noir assez connu des réseaux sociaux pour ces posts. Récemment, il a fait le buzz en affirmant devant un Gérard Miller interloqué, qu’il n’y avait pas de contrôle au faciès alors que la France a été condamnée en 2016 pour contrôle au faciès…
Chouchou des plateaux télévisés, Abdoulaye Kanté ne dénonce que très peu le racisme dans la police.

Unité, une utopie?
Que de déception ! Beaucoup avaient cru que leur peau Noire leur donnait immédiatement une conscience Noire, une envie de lutter pour la communauté Noire… Mais non !
Alors cette unité tant désirée vole en éclats? Comment s’unir à des personnes Noires qui n’ont pas (ou qui ne le montrent pas publiquement ) cette conscience Noire qui devrait les amener à défendre les intérêts des Noirs?
Aujourd’hui, on voit clairement que la représentation ne suffit pas. Se voir oui, mais se voir correctement. Se faire représenter par des personnes qui trouvent l’esclavage amusant, qui disent que le black face n’est pas une offense, qui pensent que le racisme systémique n’existe pas, qui nient le contrôle au faciès, qui soutiennent des politiques qui insultent l’Afrique. Non, ils ne peuvent pas nous représenter.
Ces personnes font leur boulot. Elles font le choix de ne pas porter intérêt à la communauté Noire dans certains cas. C’est leur droit. Leur réussite est donc une réussite personnelle.
Mais c’est notre responsabilité de soutenir des personnes Noires dont les paroles soutiennent la communauté et ses intérêts. À nous de choisir nos « représentants », à nous de prendre en main notre destin, à nous de ne plus nous réjouir aveuglément.