Philippe de la chaîne YouTube « Investir au pays » a lancé un débat sur le panafricanisme. Les invités se sont succédé pendant plus de 3 heures.
Débat vif et instructif. On pourra tout de même noter que sur 3 heures de débat, seules 3 femmes ont pu s’exprimer alors que 12 hommes ont été à l’antenne. Quand on sait que le continent africain comme le reste du monde compte plus de femmes que d’hommes, cette asymétrie nécessite d’être remarquée.
La question était la suivante : pourquoi le panafricanisme ne marche pas?
Les invités ont élaboré plusieurs réponses qui seront exposées ici.
La décolonisation mentale
Pour certains invités, il est nécessaire en tant qu’Africain de se questionner sur soi avant de pouvoir parler de panafricanisme. Qu’est-ce que la colonisation a fait de nous? En d’autres termes, en quoi sommes nous encore influencés par l’Europe? Selon eux, beaucoup d’Africains et Afrodescendants réfléchissent avec un « logiciel » colonial européen. Un invité dira même « parce qu’on manie 3 mots de français, on pense qu’on est intelligent ». L’Africain est encore très dépendant du paradigme européen. Cela se voit sur son corps (cheveux, blanchiment etc…)
Pour certains intervenants, l’Africain ne se construit qu’en opposition à l’homme Blanc. C’est donc le Blanc qui est au centre de la pensée panafricaine dans ce cas.
Pour d’autres, il faut aussi revoir la spiritualité qui devrait être une spiritualité africaine. Ils pensent que l’unité spirituelle serait une base forte pour unir les Africains.
Pour finir, cette décolonisation mentale doit passer par l’éducation. Comme l’a souligné un participant : « pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient ».
Militantisme de facebook
L’un des invités pense qu’aujourd’hui le panafricanisme est limité au militantisme de facebook et ne fait que se plaindre par rapport aux différents événements d’actualité.
Des combats superficiels qui ne changent pas la donne. Pour beaucoup, il est temps de passer à l’action de manière concrète.
Manque d’unité
Beaucoup de participants ont pointé le manque d’unité, les trahisons qui ont nuit au développement des idées panafricaines.
Ils ont donné plusieurs exemples. Thomas Sankara, Patrice Lumumba ont été trahis par leur « frère ». En assassinant ces leaders charismatiques, le mouvement à été affaibli.
Le tribalisme, les oppositions claniques sont des obstacles à l’unité du continent comme le soulignera un participant nommé « L’Afro Philo ».
Le panafricanisme ce n’est pas africain
Le panafricanisme est né en dehors de l’Afrique avec des figures connues comme W.E.B Dubois ou Marcus Garvey.
De nombreux participants ont souligné l’origine exogène de ce concept. Cela entraîne donc une difficulté. Il faut convaincre les Africains du continent de la nécessité du panafricanisme. Les Africains ancrés dans leurs clans, leurs ethnies sont-ils prêts à s’unir?
Manque de développement et d’unité économique
Tous les participants sauf un ont pointé la nécessité d’une part d’un développement économique, d’autre part d’une unité économique.
Ils avaient cependant tous des stratégies différentes.
Pour l’une des participantes, il faut développer l’agriculture pour que les Africains deviennent auto-suffisant vis-à-vis de la nourriture.
D’autres veulent former des lobbies sur le modèle américain.
Un début de solution
Stéphanie, l’une des participantes qui vient des États-Unis, a évoqué une solution basée sur une de ses lectures concernant les clefs de la réussite pour une communauté riche.

Niveau économique. La communauté doit représenter un pouvoir économique.
Niveau politique. Selon ses lectures, les communautés riches se serviraient de leur argent pour acheter des politiques qui agissent en leur faveur.
Niveau de la communication. Les communautés riches se servent des médias pour véhiculer leurs idées. La communication comprend aussi le volet de l’éducation.
Niveau militaire. Les communautés riches assurent leur sécurité.
Le panafricanisme tâtonne. Entre idéologues et acteurs de terrain, il est difficile de trouver une stratégie qui conviennent à tous.
VJV