Il m’a violée

Le viol conjugal est un sujet tabou dans la société. Souvent incomprises, les femmes se taisent. Comment expliquer que celui qui nous viole est notre conjoint? Comment se faire entendre par des gens qui crient « devoir conjugal » quand vous vous plaignez des violences sexuelles de votre mari?

Histoire inspirée du témoignage de Marie. ( nom modifié)

Quel jour on est? Quel temps fait-il? Je ne sais pas.

Je pensais que si l’on ne sortait pas le soir, si l’on ne portait pas de mini-jupes, si on avait une « bonne’ attitude, on était protégé. Je me suis trompée…

Je ne pensais pas que ça pourrait être lui. Je ne pensais pas que ça m’arriverait. Pourquoi moi?

On s’est rencontré il y a 4 ans dans un café. Il pleuvait ce jour-là. Je me suis réfugiée dans un petit café. J’ai commandé un cappuccino. J’adore les cappuccinos.

Et puis, il est entré. Grand, beau, fort et souriant. J’étais déjà conquise. Je crois qu’il s’en est aperçu. Il m’a regardé et m’a demandé ce qu’une aussi belle jeune fille faisait toute seule à une table. J’ai souri. Il s’est assis en face de moi. On a discuté, discuté et discuté. Il était tellement charmant.

En rentrant chez moi, ce jour-là, je me suis dit que j’avais tellement de chance de l’avoir rencontré. Quand m’appellerait-il? Je lui avait laissé mon numéro. Alors j’attendais.

« Allô? » J’étais si heureuse qu’il me rappelle le lendemain. On allait se revoir. J’étais la femme la plus heureuse du monde…

Je me rappelle quand je l’ai embrassé pour la première fois. C’était au cinéma, à notre premier rendez-vous. Rien d’original mais c’était tellement tendre.

Un an plus tard, on emménageait ensemble. Un appartement de 55 mètres carrés. Une chambre, une cuisine, une salle de bain, des toilettes et un salon. J’étais comblée. On n’avait pas énormément d’argent mais on s’aimait.

On avait aménagé chaque pièce. Notre endroit coquin préféré. Notre canapé. Ce vieux canapé de seconde main. Mais il était si doux, si comfortable, ce canapé.

On a tout fait sur ce canapé. On a ri. On a regardé des films. On a ri. On a mangé des pizzas. On a ri. On a fait des batailles de chatouilles. On a ri sur ce canapé. On a ri…

C’était un soir comme d’habitude. Je rentrais de mon boulot et lui du sien. Il a commencé par me dire qu’il n’aimait pas mes vêtements. Pourtant, c’est ce que je porte d’habitude. C’est mon style. Il a dit que mon style était banal. Ok… Chacun ses goûts…

Il a commencé à se plaindre de mes actes, mes vêtements, ma façon de cuisiner. Des petites piques. Mais je ne prêtais pas trop attention. Et puis, il travaille beaucoup, il est très stressé et fatigué donc je suppose que c’est tout ça qui le met de mauvaise humeur. Et puis on a tous des moments « down ». Et puis, un couple, c’est des hauts et des bas.

J’ai essayé de faire des efforts dans ma garde-robe. Je l’aimais et je voulais lui plaire. Il a apprécié certaines de mes nouvelles tenues. Même s’il m’a dit qu’elle m’irait mieux si je perdais un peu de poids. Alors, une semaine plus tard, je me suis inscrite à la salle histoire de rester en forme. Et de perdre un peu de poids. Il avait raison, il ne faut pas se laisser aller sous prétexte que l’on est dans une relation comfortable.

J’étais heureuse avec lui. Je pensais qu’il me donnait de bons conseils alors je le consultais avant d’acheter une robe ou autre chose. Notre complicité était au beau fixe. Je m’habillais comme il aimait et j’avais même perdu du poids.

Pourtant, j’avais l’impression qu’il me délaissait. Je sais pas…son regard… il ne me regardait plus… Je portais pourtant ce qu’il aimait et j’avais maigri. Je ne comprenais pas. J’ai commencé à avoir des doutes…

Alors un soir, je l’avoue, j’ai décidé de fouiller dans son portable. Je l’ai pris. Il y avait un code. Mince…J’ai alors voulu ranger le portable mais il est arrivé. J’avais l’air fine avec SON portable dans les mains. Je n’avais pas d’autres choix que de lui avouer la vérité. Je doutais de lui.

Il m’a regardé. Il s’est avancé vers moi avec un regard effrayant. Il m’a pris le portable des mains. Il a rangé son portable dans la poche de son manteau. Il s’est assis à côté de moi. Il m’a serré fort dans ses bras. Très, très, très fort dans ses bras et il m’a dit « ne recommence plus jamais ça! » Puis il m’a poussé violemment en arrière.

Ce soir là, dans notre lit, il a voulu qu’on ait une relation intime. J’ai refusé. Je n’avais pas envie. Il s’est mis en colère et m’a dit qu’il ne fallait pas que je m’étonne s’il avait envie d’aller voir ailleurs. Selon lui, j’étais frigide. J’avais un problème. Il en avait marre de moi. Il m’a tourné le dos. Je ne voulais pas le mettre en colère donc j’ai cédé.

C’était le début de l’horreur. À partir de ce jour-là, je ne pouvais plus me refuser à lui. Chantage, pression morale ont fait que je me soumettais à ses moindres désirs. Je ne voulais pas. Mais j’avais peur de le perdre. Qui d’autre voudrait de moi? Qui d’autre voudrait d’une femme comme moi?

Notre relation a duré 2 ans. 2 ans à endurer l’inacceptable pour ne pas le perdre. Pour ne pas qu’il aille voir ailleurs…

Je ne savais pas que c’était un viol. Il n’y avait pas de violence physique, pas de cris. Et pourtant, je ne voulais pas faire ça. Je ne voulais pas! Mais il m’avait anéantie psychologiquement. Je n’étais plus rien. Je n’avais plus confiance en moi. Je me sentais nulle. Je pensais qu’il était le seul à pouvoir m’aimer sur cette Terre. Je ne voulais pas le perdre… Je ne POUVAIS pas le perdre. J’étais si seule…

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